Talent naturel qui accompagne les apprentissages du petit enfant, l’émerveillement est l’état de quelqu’un qui ressent un mélange d’étonnement et d’admiration. Cet état procure en même temps du plaisir: Le plaisir de la surprise et de la découverte de celui qui explore. Sans doute est-ce la raison pour laquelle avec les enfants, les chercheurs utilisent plus fréquemment ce mot que d’autres professions.
1001 occasions de s’émerveiller
L’objet de l’émerveillement peut être minuscule (la lumière sur la rosée, un rayon de soleil, le chant d’un oiseau, etc.) ou gigantesque (une belle vie, une oeuvre, une découverte scientifique majeure, une découverte archéologique, etc.). Cela permet à tous ceux qui le souhaitent de le pratiquer au quotidien.
Le sens le plus souvent associé à l’émerveillement est la vue. Pour autant les autres sens (l’ouïe, le goût, l’odorat et le toucher) permettent également cette expérience. Une musique peut ainsi susciter l’émerveillement (l’ouïe), tout comme un tissu à la fois splendide (la vue) et doux (toucher). En effet, l’émerveillement est le fruit d’une attention à ce que perçoivent nos sens.
Dans les moments d’orientation, de reconversion, l’émerveillement nous intéresse pour plusieurs raisons:
- La capacité à s’émerveiller permet de repérer les talents des autres : « Incroyable ce que tu es capable de faire quand il s’agit de … ! », « Tu as vraiment un don, des facilités, pour …! »
- C’est un booster d’énergie positive dans ces périodes parfois difficiles. Loin d’un optimisme béat, l’émerveillement peut d’ailleurs tout à fait cohabiter avec un regard lucide sur le monde comme sur nos propres difficultés.
Comment retrouver la capacité à s’émerveiller ?
Beaucoup d’entre nous perdent cette capacité à s’émerveiller après quelques années de scolarité. Comme nous l’avons vu à propos des talents, sans doute sommes-nous culturellement plutôt conditionnés par tout un système de croyances à regarder d’abord ce qui manque, nos défauts avant de nous intéresser à ce que nous avons, aux talents dont nous disposons.
Par ailleurs, force est de constater aussi que l’accélération du temps*, le temps passé absorbés par nos écrans, la recherche de contrôle et de toute-puissance ainsi que le cynisme sont aujourd’hui des obstacles fréquents à l’émerveillement.
Je rencontre de plus en plus de personnes qui décident d’arrêter d’écouter les informations pour se préserver d’un flux d’informations principalement anxiogènes. La réalité n’est pourtant pas faite que de trains qui arrivent en retard. Certains font le choix de mettre plutôt un projecteur sur ce qui va bien, qu’il s’agisse de petits progrès ou de réalisations remarquables.
Choisir l’émerveillement est toujours possible, cela suppose
- de porter notre attention en priorité sur ce qui est beau.
- d’accepter de ralentir.
- d’être en veille, de cultiver la curiosité.
- d’être présents à ce que nous faisons et réellement attentifs à ce que perçoivent tous nos sens.
- de renoncer à tout contrôler.
* Hartmut Rosa, Accélération, une critique sociale du temps, Paris, La Découverte, 2013